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Le pavillon de Cassan à l'Isle-Adam Le domaine des Bergeret Le pavillon chinois localisation, contacts autre page : le projet inachevé | ||
Les Bergeret, dynastie de financiers de souche régionale, s'installèrent à l'Isle-Adam à la fin du XVIIème siècle. La similitude des prénoms des Bergeret et la détention successive des même charges (pratiques usuelles à l'époque) entraînent certaines confusions. Pierre-François (1683-1722), le grand-père, devint fermier général et accéda à la haute finance. Pierre-Jacques Onézyme Bergeret de Grancourt (1715-1785), né dans la pourpre, devint receveur général des finances de Montauban, tout en menant une vie oisive d'amateur d'art éclairé à Paris. Son fils Pierre-Jacques (1742-1807), animé des même passions, partagea la vie de son père et devint peintre et architecte. Il reprit par ailleurs la charge de receveur général des finances de Montauban. C'est lui qui acquit en 1778 le domaine de Cassan, de son cousin Pierre-Alexandre de Cassant. Il y projeta des aménagements fastueux, qu'il ne réalisa qu'en partie.
Pierre-Jacques Onézyme ayant fait la connaissance de Fragonard, les Bergeret père et fils entretinrent avec lui des relations durables et partirent tous trois un an en Italie, pour s'y plonger aux sources de l'art classique (1).
Cette intimité et la présence de Fragonard au domaine conduisent souvent à lui attribuer un peu superficiellement la paternité du parc et du pavillon, qui ne lui revient presque certainement pas (2). Pierre-Jacques Bergeret a certainement participé aux préparatifs et à la surveillance des travaux, comme le faisaient les propriétaires à l'époque, et ce d'autant plus qu'il était architecte. Est-il pour autant le créateur ? probablement pas, comme le discute O. Choppin de Janvry.
Nous sommes donc devant un projet inachevé et dont le créateur n'est pas identifié. Le projet nous est connu grâce au plan retrouvé dans la collection Coulon (3) conservée à Bordeaux.
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Projet d'aménagement du domaine de Cassan |
Le site est servi par le relief et l'eau présente sur place. Pour renforcer ces éléments, Bergeret fit des captages complémentaires et prévoyait des buttes bien visibles sur les reproductions du plan. Au bas du coteau, une enfilade d'étangs aux formes tourmentées ménageaient des îles. Sur l'une d'elle le pavillon principal formant habitation; au bord, des fabriques. Sur le coteau, des belvédères et une perspective. Cet ensemble très ambitieux comptait 19 fabriques en plus du pavillon d'habitation; c'eût été un site enchanteur rivalisant avec Méréville et le Désert de Retz, voire les surpassant. Le pavillon chinois, qui dans le projet n'était pas et de loin la plus importante fabrique, couronne la chaussée qui ferme l'étang inférieur. (sur le plan, à droite à mi-hauteur).
La Révolution interrompit la réalisation. Au début, Pierre-Jacques Bergeret poursuivit les travaux à Cassan (4), mais il fut arrêté sous la Terreur et, s'il sauva sa tête, il dut vendre dans de mauvaises conditions la majeure partie de ses domaines, dont celui de Cassan. Le domaine traversa deux siècles, restant sous forme de bois autour du château, plusieurs fois reconstruit. Le dernier château, construit au début du XXème siècle, a été détruit par un bombardement en 1944, et le domaine attendit 1970 pour être loti. L'opération de lotissement a épargné l'aplomb du coteau, la succession d'étangs et la grande pelouse avec des arbres remarquables qui les bordent. Le pavillon chinois est la seule construction qui subsiste. On peut considérer que l'on voit aujourd'hui moins du vingtième de l'ensemble projeté.
Le pavillon chinois
Au bord de l'étang inférieur se dresse le pavillon chinois de Cassan, encadré d'arbres pittoresques ou majestueux. Son assise est faite d'arches abritant le déversoir des étangs.
Le pavillon a été restauré en 1975 sous la direction d'Olivier Choppin de Janvry. A cette occasion un jardin public fut créé autour du pavillon, et la grille du château déplacée et installée devant le pavillon, en bordure de la route de Beaumont. Ce jardin public n'est pas clos, il a déjà été dégradé par les vandales. Aussi, un grillage interdit-il désormais l'accès à la plate-forme du pavillon. Il n'est pas visible sur les vues ci-dessous, prises quelques mois avant sa mise en place.
Au bord de l'étang inférieur se dresse le pavillon chinois de Cassan, encadré d'arbres pittoresques ou majestueux. Son assise est faite d'arches abritant le déversoir des étangs.
Localisation, visites
L'Isle-Adam est située dans le Val d'Oise. Train depuis la Gare du Nord, puis 2 km jusqu'au pavillon.
On peut se promener en permanence, y compris de nuit, autour du pavillon, enclavé dans un jardin public au bord de la route de Beaumont. Le reste du domaine est un lotissement privé, où l'on peut pénétrer à pied pour apprécier les perspectives des étangs et du coteau est, bien préservées. Sans guide, il est quasiment impossible d'y repérer les quelques traces des constructions précédentes (margelle de la terrasse du château), qui de toutes façons ne sont pas de l'époque des Bergeret.
Olivier Choppin de Janvry : La Revue Française, numéro spécial réalisé à l'occasion de la rénovation du pavillon en 1975. Epuisé, consultable à l'office de tourisme.
Marie-Evelyne Le Coat : Une fabrique ressuscitée : le pavillon chinois de Cassan à l'Isle-Adam in Vivre en Val d'Oise n°14 Juin-juillet-août 1992. Publication du Conseil Général du Val d'Oise, 45 F. Direction des affaires culturelles 01 34 25 30 63.
"Fragonard et le voyage en Italie 1773-1774 - Les Bergeret, une famille de mécènes", ouvrage collectif édité à l'occasion de l'exposition de 2001, ISBN 2-85056-470-2. La dernière partie est consacrée au projet de parc de Cassan.
Renseignements : Office de tourisme, 46 Grande Rue, (95290) L'Isle-Adam. Téléphone : 01 34 69 41 99
Voir également la bibliographie générale
Notes1 Ces rapports furent durables mais pas toujours loyaux. Bergeret père ayant financé le voyage en Italie se considéra propriétaire des dessins que Fragonard en avait rapportés. Après en avoir exigé leur restitution, ce dernier les laissa à Bergeret contre la somme considérable de 20000 francs (selon d'autres sources : 30000 livres). En dehors de leur valeur propre, ces carnets de route constituaient pour le peintre un fonds pour la composition d'oeuvres futures. Encore un exemple de l'esprit de l'époque où le commanditaire tenait son commissionné pour exploitable à merci (voir Barbier au Désert de Retz).