Jardins anglo-chinois d'Europe ornés de fabriques

temple de l'écho au Haga en contours

 

Le Haga

 


historique
plan du parc
vues

liens, bibliographie
   

Le Haga est à la sortie nord de Stockholm, à 4 kilomètres du centre ville.


Historique
 

Le roi Gustave III de Suède (1746-1792) avait loué puis acheté en 1771 la propriété de Haga externe, qu'il agrandit avec le domaine contigu de Brahelund. Dés le début des années 1780 il transforma l'ensemble en jardin anglo-chinois avec le concours de l'architecte Fredrik Magnus Piper (1).

Soucieux de son image de prince éclairé, et aussi réellement épris d'art, il témoigna de ce goût de plusieurs façons. Il créa l'académie suédoise. De son voyage à Rome, il rapporta une importante collection de sculptures et de peintures. Il avait une inclination pour la France, qui brillait de tous les feux des Lumières. Déjà, l'étiquette de la cour de Suède était transposée de celle de Versailles, et on s'y habillait à la française. Guillaume III séjourna en France en 1771, juste avant son accession au trône, et à nouveau six semaines en 1784, où il visita le Petit Trianon, Ermenonville, et le Désert de Retz. La Reine lui offrit des aquarelles du Petit Trianon, et, à sa demande, Monville lui fit parvenir les dessins des fabriques du Désert. Le roi s'attacha à enrichir son parc du Haga et fit faire des esquisses par des artistes français, pour le parc et pour des bâtiments.

Le Pavillon du Roi (ou Pavillon Gustave III), commencé en 1787 sur l'emplacement du corps de logis de Brahelund, fut achevé en 1792 juste avant la mort du roi. Ce dernier avait personnellement corrigé les plans, comme en attestent de nombreuses inscriptions de sa main sur les originaux. Le gros œuvre est de l'architecte Olof Templeman et le décor intérieur (qui est l'élément le plus remarquable) de Louis Masreliez.   Le raffinement des décors et l'harmonie avec la nature sont un des sommets artistiques de l'époque en Suède.

Le pavillon, avec son décor et son ameublement, considéré comme trésor national, a été restauré au milieu du 19° siècle et à nouveau en 1948, avec le souci de revenir à l'état originel. Grâce aux dessins extrêmement détaillés conservés, le décor a pu être remis dans son état exact de 1792. Les meubles d'origine, dispersés pour l'essentiel, n'ont pu être retrouvés que partiellement; les manquants ont été recréés à l'identique.

Les fabriques de cette période sont elles aussi parfaitement entretenues. Les tentes en cuivre (Koppartälten) externe de 1787-1790 par Desprez, de style ottoman, abritaient le corps de garde. Tout à côté du pavillon se trouve le temple de l'Écho, de 1787, par l'architecte Gjörwell, sur des esquisses de Desprez. Il servait de salle à manger d'été, et doit son nom à la résonance de sa voûte en conque. Plus loin, chacun sur une éminence, le pavillon chinois de 1787 par Desprez et le pavillon turc de 1786-1788 construit par Fredrik Magnus Piper et décoré par Louis Masreliez.

L'architecte Louis-Jean Desprez (2) fut chargé de construire un ambitieux palais-musée de style néo-classique, destiné à abriter la collection d'antiques du roi. Mais en 1792, Gustave III fut assassiné externe au cours d'un bal masqué à l'Opéra (3), par le capitaine-comte Anckarström externe, bras exécutant d'une conspiration de gentilshommes opposés à la perte d'influence que la noblesse avait subie en 1772, lorsque le roi avait restauré l'absolutisme. La mort du roi conduisit à l'arrêt des travaux. Les sous-sols, déjà achevés, subsistent et donnent l'impression de ruines. Ils sont en appareil cyclopéen de rochers sombres aux reflets rougeâtres. On conserve les esquisses des projets d'autres développements : un obélisque, des belvédères, un triomphe à l'antique ...

Le temple de l'Amour (ou temple de Cupidon et Psyché), commencé en 1788, avait toutefois été achevé en 1795; il était à la droite du pavillon royal et devait abriter un groupe en marbre. Il fut détruit en 1869 pour éviter les frais d'entretien. Face au pavillon royal, une grotte s'ouvre au bas d'un énorme rocher; un ruisselet s'en écoule, qui se faufile jusqu'au rivage sous le couvert d'arbres tortueux. Elle était destinée à servir d'entonnement de l'eau du Brunnsviken, qui eût été pompée jusqu'au niveau supérieur pour remplir un petit lac, projet également interrompu par l'assassinat du roi. L'ensemble a valeur de fabrique, ne serait-ce que comme témoignage du pavillon de la pompe non exécuté.


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  Plan du Haga
 
 
Constructions voulues par Gustave III
(numéros rouges):

1 - pavillon du Roi
(pavillon Gustave III)
2 - pavillon turc
3 - pavillon chinois
4 - temple de l'écho
5 - tentes en cuivre
6 - soubassement du palais inachevé
(appelé "les ruines")



Autres éléments (numéros noirs) :

7 - pavillon de la Reine (appelé "Résidence")
8 - porte de Haga Norra
9 - porte d'Haga Södra
10 - jardin botanique
serres, papillons



nota : ce plan remonte à l'état des années 1960
à réviser pour les accès
  plan du Haga

Le pavillon de la Reine, construit en 1802-1804 par Gjörwell, accueille les hôtes de marque; il s'appelle de ce fait Haga Slott (résidence).
Ne pas confondre avec le Haga Slott externe, hôtel de luxe installé prés d'Enköping dans un bâtiment du XVII° siècle appelé également château de Haga.

 


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Vues du parc
 

Le Haga : tente en cuivre

Le Haga :

Tentes en cuivre (Koppartälten)



 

Intérieur de la tente en cuivre principale

 

Intérieur de la tente principale, transformée en buvette



Le Haga : pavillon Gustave III

Le Haga : pavillon Gustave III

Pavillon Gustave III, façade ouest

Pavillon, façade est



Le Haga : temple de l'Echo

Le Haga : pavillon Gustave III

Temple de l'Écho (Ekotemplet)

Le pavillon et le temple de l'Écho



 

Le Haga : embarcadère et Brunnsviken

 

Vue sur le Brunnsviken de l'intérieur du temple



Le Haga : pavillon turc

Pavillon turc du Haga

Pavillon turc

Intérieur du pavillon turc



Kiosque chinois du Haga

Vue sur le Brunnsviken

Kiosque chinois

Vue sur le Brunnsviken



 

Le Haga : embarcadère et Brunnsviken

 

Le Brunnsviken et l'embarcadère au pied du temple de l'Écho



Le Haga : pavillon Gustave III

Le Haga : pavillon Gustave III

Le Haga est un jardin anglais, où des massifs sont laissés sauvages



 

Vue panoramique du Haga

 

Le Haga vu de la rive opposée du Brunnsviken
agrandir la vue  -  le kiosque chinois, les tentes en cuivre, le pavillon Gustave III et le temple de l'Écho y sont repérés


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Détails pratiques
 

Accès par le bus 515, tête de ligne à Odenplan, descendre à l'arrêt Haga Norra. En semaine, desservi également par le bus 70. L'entrée est gratuite et permanente, du lever du jour à la nuit. Le pavillon ne se visite qu'en été.
Buvette dans la grande tente en cuivre. Visite (payante) des serres de papillons.

Le Haga fait partie de l'Ekoparken externe, vaste enchaînement de parcs forestiers aux portes de Stockholm, baignés par les bras de mer et traversant le cœur de la ville. Cette situation urbaine n'empêche pas d'y voir de nombreuses espèces sauvages, et jusqu'à des élans en hiver.
L'été, service de bateaux desservant les parties de l'Ekoparken.


Liens, bibliographie

Mes plus vifs remerciements à l'administration des palais royaux de Suède pour la documentation très complète qu'elle m'a adressée en 1999,
me permettant en particulier de dessiner le plan du parc (il y a beaucoup mieux aujourd'hui sur le net)

 


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liens externes

 


droits réservés de l'auteur, Dominique Césari
Page créée le 1er septembre 1999, mise à jour le : 27 novembre 2004   et un complément le : 15 janvier 2017


Notes
1 - Fredrik Magnus Piper (1746 - 1824) est un architecte et paysagiste suédois. Après des études scientifiques à l'université d'Upsala, il allait embrasser une carrière d'architecte naval. Mais, paradoxalement, l'amitié de l'amiral Chapman lui permit de se réorienter vers son goût artistique auprès du grand architecte Adelkrantz. Dans les années 1773 à 1780, il quitte la Suède et ouvre ses horizons en travaillant pendant un certain temps en Angleterre avec l'architecte écossais Sir William Chambers, spécialiste des chinoiseries et créateur de Kew Gardens, puis en poursuivant son voyage en France et en Italie. Comme c'est l'usage, il rentre avec un grand nombre de croquis, qui constitueront une source d'inspiration. Il devient le paysagiste favori de Gustave III, qui lui confie l'aménagement des parcs du Haga et de Drottningholm. Cette confiance du roi lui fait obtenir nombre de commandes de la part de la noblesse comme architecte (Listonhill, Bjärka-Säby) ou paysagiste (parc de Forsmark). Il est nommé en 1799 directeur de l'école d'architecture de l'Académie des Arts de Stockholm.   Articles Wikipedia anglais et suédois externe.

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2 - Louis-Jean Desprez, né vers 1743 à Auxerre, mort le 29 mars 1804 à Stockholm. Peintre, concepteur de décors d'opéra, architecte et graveur. Élève de J.-F. Blondel, il reçut le prix d'émulation. Il a joué un rôle important dans la transition du milieu du 18ème siècle du néoclassicisme à la sensibilité pré-romantique plus novatrice de Boullée et Ledoux. Sa compétence dans les décors d'opéra n'est pas étrangère au choix de Gustave III, qui vouait une passion à l'art lyrique. Voir l'académie Desprez externe, en particulier le dossier sur Louis-Jean Desprez externe.

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3 - " Bonsoir, beau masque "
C'est par ces mots que le capitaine-comte Jacob Johan Anckarström externe aurait interpelé le roi Gustave III pour attirer son attention, afin d'ajuster son coup de pistolet (les archives de l'enquête ne confirment pas cette apostrophe) Cet épisode servira de trame à l'opéra de Verdi "Un ballo in maschera", avec le ridicule imposé par les convenances de l'époque de devoir transposer l'intrigue à Boston pour éviter de représenter sur scène l'assassinat d'un roi. L'article suédois détaille la cruauté du châtiment du régicide et sa décapitation au pied du gibet de Galgbacken i Hammarbyhöjden.
D'autres conjurés furent punis de mort, à la prison à vie ou au bannissement. Leur nombre ne faisait que gonfler au fur et à mesure que l'on approfondissait l'enquête. On minimisa pour éviter un scandale politique énorme, d'autant plus que les soupçons s'étendaient au frère du roi.

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