Dans la suite des parcs à fabriques
 

 

Arcelot

 

le château
son parc

vues du parc et du pavillon chinois

visite, liens


 
le château
 

Le château d'Arcelot a été bâti en deux étapes. Philibert Verchère, parlementaire de Bourgogne, fit édifier vers 1720 les deux pavillons latéraux, puis, en 1761, son petit-fils Philibert II confia la réalisation du corps central à l'architecte et ingénieur des Ponts et Chaussées Thomas Dumorey. C'est le premier château néo-classique de Bourgogne.

L'ensemble a fière allure. La route venant de Dijon se forme en perspective triomphale et donne au château une allure particulièrement solennelle, plus impressionnante que ce produirait la seule taille du bâtiment. Le domaine a connu de grandes heures, avec l'installation de l'empereur d'Autriche et du Tsar, lorsqu'ils suivirent les campagnes des coalisés contre Napoléon. Le maréchal Lyautey y séjourna à plusieurs reprises. Les Carrelet de Loisy reçurent Arcelot par alliance en 1870; ils y maintiennent avec une infinie courtoisie les valeurs traditionnelles d'accueil et d'hospitalité lien externe.


le parc
 

Vers 1800, Jean-Marie Morel fut chargé de transformer en parc à l'anglaise le jardin régulier qui s'étendait au-delà du château. Il créait ainsi un des premiers jardins de Bourgogne au nouveau style, et inaugurait la dernière partie de sa carrière au profit de notabilités de sa région d'origine.

Le parti qu'il adopta est parvenu jusqu'à nous. Le visiteur retrouve avec émotion les lignes paysagères du parc de Guiscard (qui n'est connu que par de rares gravures), où le grand théoricien avait mis en œuvre sa conception du "parc". De l'île du pavillon chinois, on ne peut, en se retournant vers la grande pelouse et le château, qu'être frappé par la similitude des gestes : étendue et douceur de déclinaison de la grande pelouse, débouché sur la pièce d'eau, jeu des ombres et des lumières. Le temps ajoute l'ampleur d'arbres remarquables, en légère saillie par rapport aux lisières des massifs encadrant la grande pelouse (cyprès, tilleuls et platanes), ainsi qu'à l'arrière plan, où ils émergent de la ligne d'horizon (sequoia, sapin). Le relief naturel du terrain, probablement judicieusement amendé de remodelages, a autorisé l'adoption d'une composition tournante donnant l'impression d'un espace se développant sans limites.

Outre le pavillon chinois, le parc comprenait au moins un temple grec, tous deux signalés d'époque fin XVIII°. Sans renseignements plus complets, je ne peux préciser dans quelles conditions ces fabriques furent traitées par Morel. On sait combien celui-ci était réticent à leur multiplication. Il en admettait toutefois le principe, et on lui doit des chalets suisses à la Malmaison et Saint-Cucufa.

Deux élégants ponts chinois ont été ajoutés récemment pour desservir les îles : reconstruction de ponts disparus, ou nouveautés ? En tout cas, ils s'harmonisent parfaitement avec l'esprit du lieu, en particulier celui conduisant au pavillon chinois; ils forment à tous deux un ensemble très heureux. La proue de l'autre île est ornée d'une statue de Sappho, sculptée en 1872. Par ailleurs, les colonnes du temple grec ont été réinstallées à un croisement d'allées, dans le jardin de l'orangerie.


En définitive, Arcelot n'est pas un parc à fabriques. C'est un des rares témoignages d'époque du style naturel dont Jean-Marie Morel était partisan, bannissant la préciosité et ouvrant des compositions plus amples. À ce titre, et aussi pour le plaisir, ce parc doit être absolument visité.

 

haut de la page

 



Vues du parc et des fabriques.

 

vue générale

vue générale - au fond, le château

Vue générale de la grande pelouse et de la pièce d'eau


 

Pavillon chinois sur son île

Pavillon chinois

Le pavillon chinois
(pavillon fin XVIIIème - le pont est moderne)


 
 

colonnes du temple grec

 

Les colonnes du temple grec, replacées dans le jardin de l'orangerie

 

haut de la page

 

Visite, liens
 

Arcelot est rattaché à la commune d'Arceau, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Dijon. Si l'on arrive par l'autoroute A31, prendre la sortie, puis suivre "Orgeux".

mise à jour 2019 : le château et le parc sont ouverts à la visite individuelle durant la période estivale (juillet-août). Les groupes (min 10 pers.) peuvent visiter le château toute l'année sur réservation (voir site du château).


site du château d'Arcelot lien externe

présentation du château lien externe

mise à jour 2018 : conception du parc d'Arcelot dans From Garden to Landscape: Jean-Marie Morel and the Transformation of Garden Design lien externe de Joseph Disponzio





haut de la page page précédenteretour accueil plan du site      


droits réservés de l'auteur, Dominique Césari
(éléments historiques repris de la notice remise à l'entrée)
Dernière mise à jour : 6 septembre 2003


Notice biographique de Jean-Marie Morel (1728-1810)

Ingénieur géographe puis architecte. Il fut l'architecte du prince de Conti, sans toutefois qu'il paraisse avoir créé de jardin pour celui-ci. Il se spécialisa dans l'architecture de jardins, créa de nombreux parcs et jardins, notamment Bercy pour Monsieur de Nicolaï, Saint-Ouen pour le maréchal de Trévise, Guiscard pour le duc d'Aumont, ainsi que Sceaux. Il a conseillé le marquis de Girardin pour les jardins d'Ermenonville, sans en être le créateur comme il l'a revendiqué. Il publia en 1776 la "Théorie des jardins" lien externe, qui fut reconnue comme un des ouvrages essentiels sur le nouveau style.

"Patriarche des jardins", il fut appelé dans les années 1800 pour la Malmaison et le parc de la reine Hortense à Saint-Leu, mais son entêtement à imposer ses vues conduisit à son remplacement par Berthault. Dans la dernière partie de sa vie, il intervint régulièrement pour des parcs de notables en Bourgogne et dans le Beaujolais.

Il ne reste aucune de ses créations les plus fameuses. Parmi les jardins moins connus qu'il a créés, Arcelot est le mieux conservé (inscription MH le 30 avril 1999). Le parc du château de Launay (actuelle faculté des sciences d'Orsay) a été profondément remanié. Saint-Trys lien externe (Rhône) subsiste en partie. La municipalité de Charnay-lés-Mâcon projette de restaurer Champgrenon lien externe. Il ne semble plus rester de trace de ses interventions à Savigny-les-Beaune et Saint-Clément, dans cette même région.


Voir la thèse de Joseph Disponzio lien externe : The Garden Theory and Landscape Practice of Jean-Marie Morel (Philadelphia: University of Pennsylvania Press - 2000).