Le château de Canon se trouve à Mézidon-Canon, dans le Calvados, 25 km au sud-est de Caen.

Ce château du XVIII° siècle est entouré d'un parc à fabriques d'inspiration philosophique marquée. C'est l'œuvre de Jean-Baptiste Élie de Beaumont (1732-1786), avocat au parlement de Paris, défenseur ardent des protestants. C'est lui qui rédigea le mémoire en réhabilitation de Calas. Luttant contre l'intolérance religieuse il fut l'ami de Voltaire et gagna une réputation européenne, en particulier dans les pays réformés (Pays-Bas, Angleterre).

Il épousa Anne Louise Morin du Mesnil , élevée dans la religion catholique, mais d'une famille huguenote, qui détenait le domaine de Canon et en avait été pratiquement spoliée. Élie de Beaumont obtint le retour du bien et y aménagea de 1770 à 1785 un jardin philosophique, portant témoignage de ses engagements et de son inclination pour le jardin anglais, qu'il avait découvert à Stowe et Kew.

Homme de robe aisé, mais aux moyens tout de même bien moindres que ceux des autres créateurs, son parc se distingue plus par la grâce exquise de la composition et par l'intention philosophique, que par les fabriques, en nombre limité. L'ensemble tire profit du Laizon, petite rivière qui traverse le parc. Elle alimente des canaux, dont certains, situés en limite de propriété, la clôturent et jouent le rôle de ha-ha. Les bras ménagent des cascades.

Le colombier (par M. de Mézerac)
Le colombier ou pigeonnier fut aménagé en fabrique, sa silhouette évoque les temples égyptiens primitifs.

Parmi les fabriques, le temple de la Pleureuse, initialement conçu comme une sorte de temple des dieux lares, devint un monument commémoratif d'Anne Louise de Beaumont, décédée pendant la construction. Le temple se situe au bout d'une allée, d'où on le voit de face.

Un petit kiosque chinois de treillage racheté du parc des Ternes fut installé au dessus du canal. Du petit château Béranger, les deux tours renaissance furent conservées et reliées par une tribune en avancée sur quatre colonnes toscanes, abritant les tombeaux de protestants (qui étaient interdits de cimetière à l'époque).

Les Chartreuses ont été aménagées vers 1775. C'est une succession de petits enclos (à l'instar des jardins de Chartreux) où s'épanouissent végétation et arbres fruitiers. Elles communiquent par des ouvertures en arcades ménagées dans les murs, qui révèlent une vue en enfilade sur la statue centrale de Pomone par Charles du Paty, beau-frère d'Armand de Beaumont. Il s'y trouvait un petit ermitage carré construit par Élie de Beaumont, pour servir secrètement de temple franc-maçon ⁽¹⁾. Malheureusement, pour économiser les frais d'entretien, son fils Armand le détruisit en 1820 ainsi que la salle de bains chauds de plein air, située au bord du canal. La fontaine de Target (autre avocat, ami d'Élie de Beaumont) et la plupart des statues sont encore présentes.

Dans l'esprit de la célébration des vertus, la fête des Bonnes Gens , instituée en 1775, récompensait la Bonne Mère, le Bon Vieillard, la Bonne Fille, le Bon Père ⁽²⁾. Une vingtaine furent élus de 1775 à 1785. Une Salle des bonnes gens se trouve dans les communs, mais sa décoration disparut vers 1820. Le registre des bonnes gens et un groupe en biscuit de Sèvres du Bon Vieillard ⁽³⁾ font partie des collections du château, tandis que le cœur du premier Bon Vieillard est conservé dans l'église.

L'objectif agricole de la propriété n'était pas oublié et les communs représentent une partie importante des bâtiments, également traités avec l'intention d'améliorer le sort des paysans. Un chirurgien-intendant y était logé, qui soignait gratuitement la population. De plus Élie de Beaumont améliora à ses frais les routes et chemins des alentours. L'ensemble des aménagements et de ces dépenses généreuses dépassaient ses ressources et il mourut en 1786 dans les dettes. Son fils se trouva dans l'obligation d'économiser à tout prix sur l'entretien du domaine, et se résolut malheureusment à raser quelques fabriques, dont les bains et le temple comme on l'a signalé.

Visite du parc de Pâques au 30 juin les week-ends et jours fériés de 14 h à 18 h et du 1er juillet au 30 septembre tous les jours sauf mardi de 14 h à 19 h.
Téléphone : 02 31 20 05 07 et canon.accueil@gmail.com .  

Site du château de Canon , Passion des châteaux

Notice historique par M. Alain de Mézerac, propriétaire actuel et descendant direct d'Élie de Beaumont, en vente au pavillon d'accueil. M. Alain de Mézerac est décédé le 5 juin 2014.

Voir également "la Normandie des jardins" et la bibliographie générale.

M. Moulin-Vicaire : Elie de Beaumont et le château de Canon de 1768 à 1786 (.pdf) in Annales de Normandie, 1958, consultable dans Persée.

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