Le Jardin des plantes est en continuation directe du "jardin royal de plantes médicinales" de 1626, lui-même héritier du "jardin des simples" de l'apothicaire Nicolas Houel fondé en 1577.
L'élan de construction de bâtiments commença sous Louis XIV, sous la direction de Fagon, puis se poursuivit
avec les frères Jussieu, Buffon et Daubenton, directeur de l'institution transformée sous la Révolution.
Le géomètre et architecte Verniquet (1727-1804) prit une part essentielle aux travaux de la période 1760/1790.
Il est surtout connu du public pour avoir attaché son nom au plan de Paris qu'il avait levé, dit plan de Verniquet, qui fait référence pour cette période.
On lui doit l'élégant kiosque, en fonte ou en bronze, d'inspiration chinoise atténuée de classicisme occidental, qui couronna en 1786 le belvédère situé en limite sud.
Une butte conique de détritus accumulés hors les murs pendant des siècles au Moyen-âge s'élevait là. À la Renaissance, cette utilisation ayant pris fin, on installa un moulin à vent au sommet.
Lors de l'extension du jardin royal, il parut plus habile de couvrir les flancs de terre pour y faire des plantations plutôt que d'évacuer cette masse. Ce devint la "montagnette" chère au premier directeur, qui y planta donc des spécimens; les flancs furent modelés en colimaçon par des banquettes, constituant le "Labyrinthe".
Buffon y fit construire la gloriette posée sur un socle maçonné, formant belvédère et chargea Verniquet des travaux.
Le résultat paraît incongru; le visiteur ignorant l'origine de la butte et les évolutions depuis la constitution du belvédère se demande pourquoi on est allé le planter dans un coin derrière la grande galerie, d'où la vue est totalement bouchée.
C'est qu'avant la construction des bâtiments du 19ème, on avait du sommet une vue générale sur les jardins (2).
La butte s'élève à une vingtaine de mètres au-dessus du sol côté jardin et à une douzaine au-dessus de la rue Geoffroy Saint Hilaire.
Les contreforts sont encore aujourd'hui couverts de spécimens remarquables dont certains remontent à la glorieuse époque de leur aménagement. Le dernier tiers est découvert, le chemin monte en spirale enroulée dans un labyrinthe de buis.
La butte avait été délaissée et il fallut un sérieux nettoyage pour retrouver son équilibre paysager.
Le kiosque en fer, bronze et cuivre est chroniquement dégradé car la combinaison des trois métaux génère de dévastateurs courants cathodiques.
Il va de restauration en restauration, l'avant dernière vers 1950, la précédente vers 1984. Une nouvelle est
indispensable.
Pour réunir les fonds, le Muséum a lancé une souscription.
Vue du belvédère
Le belvédère
Visite, liens
Le Jardin des plantes
est ouvert tous les jours de 7h30 à 17h30 au coeur de l'hiver et jusqu'à 20h l'été. Entrée gratuite.
Le belvédère est au fond à droite du jardin en venant de la Seine, sur le côté de la galerie de l'évolution. Passer entre les grandes serres. Entrée
également au pied du belvédère, au coin sud-ouest du jardin, par la rue Geoffroy Saint-Hilaire, métro Jussieu.
• Muséum national d'histoire naturelle : Le belvédère du Labyrinthe ouvrage collectif sous la direction d'Albert Berthelot paru en 1985 - ISBN : 2010110447 (épuisé, à chercher d'occasion)
droits réservés de l'auteur, Dominique Césari page créée en août 2002 - dernière mise à jour: 31 décembre 2016
Notes
1 Cette devise est gravée sur le pourtour du tambour de la corniche supérieure supportant la sphère armillaire.
Elle est classique
et signifie "je ne compte pas les heures, sauf celles qui sont sereines", avec le sens "quand le temps est serein" = "est au beau". Ceci est vrai pour tout cadran solaire, qui devient muet par temps couvert.
Avec le mécanisme décrit par Thierry (voir infra), la devise prend un tour piquant, dans l'esprit qu'on aimait alors leur donner.
En effet, le marteau ne se déclenchait que quand le soleil dardait ses rayons.
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2 Description de Thierry, dans son Almanach du voyageur, vers 1785 :
Le Jardin du Roi Ce jardin est divisé en haut et bas; dans la partie haute est une monticule appelée Labyrinthe; on y jouit d'une belle vue. Au pied de cette monticule se voit le cèdre du Liban.
Le terrain de ce jardin vient d'être prolongé jusqu'au quai par les soins de M. de Buffon.
...
Dans la partie haute de ce jardin est une monticule, au sommet de laquelle on monte par une allée en spirale, appelée improprement par le public labyrinthe: on y découvre tout Paris, et les environs.
M. de Buffon vient de faire élever sur cette plate-forme un kiosque en fer de forme circulaire, de treize pieds de diamètre sur vingt-cinq de haut; huit lances y servent de piliers et supportent un couronnement pyramidal,
terminé par une sphère armillaire, formant cadran solaire, où l'heure précise de midi est annoncée par un marteau frappant douze coups sur un timbre. Ce marteau est mis en mouvement par un contrepoids lâché par la détente ou
rupture d'un fil de crin, brûlé par le soleil au foyer d'une loupe posée sur l'amortissement de la première corniche. Cette loupe, inclinée aux diverses hauteurs du soleil, a son axe placé au midi. Cette mécanique ingénieuse,
exécutée par M. Mille, serrurier mécanicien du roi, se remonte tous les jours en y substituant un nouveau fil de crin.
Le kiosque a été élevé sur les dessins de M. Verniquet, architecte.
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2 bis Note dans la note : au belvédère du Jardin des Plantes, le mécanisme sonnait donc des coups de marteau sur une sphère en cuivre. Le dispositif le plus classique est celui du canon méridien ou méridienne;
un petit mortier contient une charge de poudre qui est mise à feu par la loupe. C'est alors un coup de canon qui retentit.
Un canon particulièrement célèbre était installé au jardin du Palais Royal.
Il a tonné jusqu'en 1914. Évidemment, le coup éclate au moment du midi solaire vrai, alors que nous avons adopté depuis longtemps l'heure solaire moyenne (c'est à dire celle que donne une horloge tournant régulièrement).
Le décalage entre les deux, appelé équation du temps, varie tout au long de l'année; il peut être important (jusqu'à 15 minutes). C'est du au déplacement du Soleil vrai à une heure moyenne donnée selon une courbe appelée l'analemme.
Du coup, le canon méridien induit en erreur ceux qui régleraient leur montre en s'y fiant, ce qui était particulièrement ennuyeux juste après qu'on eut adopté le temps moyen au lieu de l'heure solaire. Après des vicissitudes, une copie a été remise en service; sa détonation chaque mercredi n'est plus que folklorique, on ne règle plus sa montre sur ce signal !